L’histoire de la présence des musiques traditionnelles africaines sur le continent américain débute au XVe siècle, avec l’arrivée des esclaves dans l’arc caribéen. Si ceux-ci proviennent d’aires géographiques, culturelles et linguistiques plurielles, un seul langage les unit, celui de la musique. Une pratique qui dans le cadre de l’âpre labeur imposé par les colons européens, sert de vecteur communiel, de soulagement moral dans l’adversité et de support mémoriel face au déracinement imposé.
Successivement prohibées (mais aussitôt supplantées par les danses), puis autorisées car stimulant la productivité au travail, les formes musicales afro-caribéennes brilleront par leur pluralité et leurs audaces formelles. Elles se nourriront du patrimoine amérindien et par la suite, se créoliseront au contact du répertoire européen (la contredanse, le quadrille, la polka, la valse…).
De ces amalgames sonores, à la fois populaires et savants, naîtrons à la Nouvelle-Orléans et sur les rives du Mississipi de nouveaux champs d’expressions que sont le Stride, le Boogie, le Blues, puis le Jazz et le Rock. Autant de continents musicaux à explorer à travers les plus de mille ouvrages discographiques publiés par les Éditions Frémeaux.
Un travail de plus de trente ans de diffusion auprès du plus grand nombre des styles musicaux qui sont les marqueurs de notre mondialisation, des vecteurs dans le combat pour l’universalité mais également une ode à l’ivresse des sens : à La Nouvelle-Orléans les funérailles ont des airs de fête !
Aujourd’hui, et pour sa deuxième édition, c’est le « On the Mississippi Music Festival » sous la houlette de Sébastien « Boogie » Troendlé qui nous révèle que cette musique de lutte pour l’égalité des droits est aussi un formidable répertoire de musique vivante.
Patrick Frémeaux
Fondateur Frémeaux & Associés
Il n’y a pas encore si longtemps, je n’aurais pas pu imaginer un tel engouement pour ce projet de festival !
Cela fait plusieurs décennies que je suis transporté par la créativité des artistes qui bordent le fleuve Mississippi, par ses musiques et ses danses africaines-américaines. Cette partie de l’histoire m’a inspirée des spectacles, des compositions, des actions culturelles… Plus je joue, plus ma passion unit tous les publics en une complicité réjouissante. Au fil des projets, non seulement mon enthousiasme redouble, mais il devient contagieux ! Ce festival devenait donc une évidence.
Plus d’une quarantaine de partenaires et une trentaine de bénévoles nous ont déjà rejoints pour cette folle aventure. Une énergie exponentielle à transmettre absolument sur scène ! Nous sommes impatients de partager avec vous ces moments de convivialité, d’exaltation, et de vous faire découvrir tous les artistes qui vont vous faire rêver, danser, chanter, rire, voyager… et sans aucun doute frissonner.
Car pour cette deuxième édition, ce festival hommage aux Africains-Américains sera multiple. Par exemple avec un coup de projecteur sur les Harlem Hellfighters. Ce régiment venu se battre pour la France et qui a révélé à l’Europe le ragtime et le swing tout frais. Leur chef, James Reese Europe, le « jazz King », sera notamment le premier citoyen Africain-Américain à bénéficier de funérailles publiques. Nous plongerons également au cœur de l’histoire d’Harriet Tubman qui, après s’être libérée de ses chaînes, a mené tant d’esclaves sur le chemin de la liberté à travers l’Underground Railroad, et ce au péril de sa vie. Mais tant d’autres surprises nous attendent !
Nous vous invitons Tiffany et moi, pour une odyssée rythmée et festive, emplie de joie, concerts, spectacle pour le jeune public, projection-conférence, masterclasses et happening dans les rues de Strasbourg !
Un peu de Mississippi en Alsace !
Sébastien Troendlé
Directeur artistique du festival